Paris+ par Art Basel: Seyni Awa Camara & Wura-Natasha Ogunji

Grand Palais Éphémère, Paris, 18 - 22 Octobre 2023 
Stand E8 www.artbasel.com

Pour cette seconde édition de Paris+ par Art Basel la galerie MAGNIN-A propose d’exposer les œuvres de deux artistes femmes de générations différentes, Seyni Awa Camara et Wura-Natasha Ogunji ; un voyage onirique aux confins d’univers singuliers où les sculptures d’argiles de l’artiste sénégalaise résonnent avec les papiers délicatement brodés de l’artiste américano-nigériane.

Camara et Ogunji questionnent toutes les deux la relation à l’intime et au corps. Au travers de techniques qui transcendent le répertoire formel classique, elles révèlent des œuvres poétiques où les êtres tendent à se métamorphoser et s’entrelacer pour souligner la nature transitoire de la vie. Leurs parcours très différents ont été remarqués par de grandes institutions.

 

Seyni Awa Camara est née en 1945 en Casamance au sud du Sénégal qu’elle n’a jamais quittée. L’origine de son art est souvent associée à une légende. Durant son enfance, elle et ses deux frères disparaissent dans la forêt durant plusieurs jours pendant lesquels ils auraient reçu une mystérieuse initiation divine. Selon ses termes, les génies de Dieu qui les tenaient loin des regards leur auraient appris à travailler la terre. Cet évènement aurait fondé son œuvre hors du commun. Depuis, elle modèle à l’argile des histoires, des monstres, des rêves…

Ces grandes figures souvent humaines, parfois animales sur lesquelles s’entrelacent une profusion d’enfants ou d’êtres mystiques racontent une partie de son histoire. Celle d’un passé douloureux où sa maternité fut compromise dans une société qui lui accorde une importance primordiale. Son travail fait entrer l’observateur dans un monde onirique fait d’intimité et de questionnement.

L’œuvre de Camara a été révélée pour la première fois en Europe lors de l’exposition Magiciens de la Terre en 1989 organisée au Centre Pompidou et à la Halle de la Villette à Paris, présentée aux côtés de Louise Bourgeois. Cette dernière lui consacre un texte en 1994 dans le livre Contemporary Art of Africa : « Comme tout le monde sur terre, elle recherche une intimité, un besoin d'entrer en relation avec quelqu'un d'une manière enrichissante. Aussi intéressante soit-elle, l'imagerie est répétitive. Mais elle est aussi personnelle. Je reconnais son originalité et une certaine beauté. Maintenant, la beauté est un mot dangereux car les notions de "beauté" sont relatives. Je vais donc être très clair : l'œuvre me donne plaisir à regarder. D'un artiste à l'autre, je respecte, j'aime et j'apprécie Camara. » 

Son travail a été montré depuis au sein de grandes expositions (49ème édition de la Biennale de Venise, 2001 ; African Art Now, MFAH, Houston, 2005; 100% Africa, Guggenheim Bilbao, 2006; Art/Afrique: Le Nouvel Atelier, Fondation Louis Vuitton, Paris, 2017; Amongst the Living with Seyni Awa Camara, Michael Armitage, White Cube, 2022) et a intégré de prestigieuses collections (Fondation Louis Vuitton, Fondation Cartier pour l’art Contemporain, Voorlinden Museum, CAAC: The Jean Pigozzi African Art Collection).

Wura-Natasha Ogunji est née en 1970 dans le Missouri, aux États-Unis, d’une mère américaine auprès de qui elle grandit et d’un père nigérian, dont elle partira à la recherche à l’âge adulte. Sa pratique est pluridisciplinaire, d’abord photographe puis vidéaste, elle se concentre aujourd’hui sur la performance et la technique du papier.

Constitués de figures cousues à la main rehaussées d’encre et de graphite sur papier calque, ses dessins sont intrinsèquement liés au mouvement. Ogunji est fascinée par la gestuelle et fait de son corps un sujet d’étude. La relation qu’elle entretient avec lui, la curiosité qu’elle éprouve à l'égard de sa physicalité et de ses limites est un élément central dans toute son œuvre. « Mon but est de transposer ce que je suis en tant qu’humaine, de marquer l’espace et je le fais avec une profonde honnêteté et intégrité ».

Ses dessins mettent aussi en lumière le pouvoir et la présence sociale, et plus universellement la manière dont les femmes se démarquent par leurs actions ordinaires ou héroïques. Elle manipule et expérimente continuellement son matériau, incisant et cousant à travers le papier, jouant avec sa transparence de sorte que ses œuvres deviennent physiquement et conceptuellement superposées. « J’essaie d’explorer les limites extérieures de mon imagination d’une manière qui soit connectée à l’imagination d’autres personnes et à d’autres expériences de l’être humain dans le monde.»

L’œuvre de Wura-Natasha Ogunji a été exposée dans de grandes institutions culturelles. Parmi les expositions récentes, citons rīvus, 23e Biennale de Sydney, 2022 ; The Power of My Hands : Afrique(s) artistes femmes, Musée d'Art Moderne, Paris, 2021 et Alpha Crucis: Contemporary African Art, Musée Astrup Fearnley, Oslo, 2020. Elle a été artiste-conservatrice pour la 33e Biennale de São Paulo, où sa performance à grande échelle Days of Being Free a été présentée pour la première fois.

Si son chemin n’a encore jamais croisé celui de Seyni Awa Camara, elles ont en commun cette volonté de matérialiser l’intime, d’inscrire dans l’espace leur histoire personnelle, mais aussi l’histoire des femmes, donnant ainsi naissance à des œuvres fascinantes et singulières.

 

 


 

 

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