Né en 1959 à Nioki, République démocratique du Congo
Vit et travaille en République démocratique du Congo
La qualité des dessins de cet artiste autodidacte a rapidement été reconnue par ses pairs. A 19 ans, Mosengo Shula commence à travailler en tant qu’assistant de son cousin, le célèbre peintre Moke (1950-2001), maître coloriste et parrain de la « peinture populaire » : « Moke m’a appris toutes les nuances, toutes les gradations de couleurs. De nature, j’aime la couleur bleue, puisque je suis doux et que je ne parle pas beaucoup ». Au cours de cette collaboration, Shula a développé son style et sa technique avec des combinaisons de couleurs. Il cherche ensuite à se frayer son propre chemin en peignant sur des cartes postales et en pratiquant la peinture murale, avant d’arriver à la peinture populaire où il dessine les scènes de la rue, de la vie quotidienne et religieuse. Soucieux de ne pas faire du déjà-vu, il choisit d’autres sujets, comme la mondialisation, internet et la vitesse du monde actuel.
Les combinaisons de couleurs sont caractéristiques de la peinture de Shula Mosengo. Ses mélanges de couleurs semblent transcender la réalité et donnent à ses tableaux des impressions oniriques. Cet usage de la couleur le distingue des autres maîtres de la peinture populaire (Chéri Samba, Chéri Chérin, Moke). Ses sujets allégoriques et une palette de couleurs « fauve » expliquent cet aspect surréaliste. Shula invite les spectateurs dans son monde rempli de scènes imaginaires. Colorées, pleines d’humour et d’espièglerie, les peintures narratives de Shula représentent principalement de la vie quotidienne de ses compatriotes, non sans critiquer la corruption ou l’influence des églises : « Le peintre est utile parce que nous disons tout haut ce que les autres pensent tout bas ». L’artiste entend sensibiliser et élever la population, tout en condamnant l’injustice politique.
Ses œuvres apportent un vent de fraîcheur en offrant de nouvelles perspectives à des problèmes universels tels que le réchauffement climatique, la politique internationale et l’utilisation de la technologie. L'artiste explore la montée de la mondialisation dans les paysages africains, les changements et les évolutions de l’environnement sur le continent.
Shula s'intéresse également aux «addictions modernes». Ecouteurs, câbles, clés USB et appareils mobiles constituent ses images «afro-futuristes» montrant l’ambivalent de la modernité, entre connectivité universelle et dépendance aux virtualités et aux réseaux sociaux. En ce sens, Shula questionne le rapport à la modernité et à la tradition en intégrant notamment des gravures africaines et des sculptures traditionnelles dans son travail. Regards sur leur importance et leur participation dans les sociétés d’aujourd’hui, ses œuvres interrogent la capacité de l’Afrique à observer et à diriger son implication et son propre avenir dans le monde réel :
«Tôt ou tard, le monde changera, et tôt ou tard, tout le monde devra parler de l'Afrique. Ce n'est pas seulement artistique, c'est politique. Nous sommes le plus grand continent, nous sommes le carrefour du monde entier. Nous devons continuer à émerger sur la scène mondiale et nous avons tout ce dont nous avons besoin. Il y a de l'or, du cuivre, du pétrole, des diamants, tout ce dont nous avons besoin en termes de ressources naturelles »
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Fondation Cartier pour l'Art Contemporain