Du 24 mars au 14 mai 2022, la galerie MAGNIN-A rend hommage à deux grands artistes, Seyni Awa Camara et Estevão Mucavele, autour d’une exposition intitulée Les restes du bruit. L’une est sculptrice, l’autre est peintre ; tous deux dessinent la présence d’un monde peuplé de créatures étranges ou de formes minérales. Bien que le destin de l’artiste de Casamance n’ait jamais croisé celui du peintre Mozambicain, il semble que les trajectoires de chacun soient toutes deux nées d’un message reçu en rêve.
L’exposition rassemble pour la première fois des œuvres majeures réalisées par ces artistes depuis les années 80 à nos jours. Un voyage onirique, aux confins de deux univers artistiques, où les paysages chromatiques de Mucavele entrent en résonnance avec l’abondance des créatures de terre de Camara. Que reste-t-il des bruits qui nous visitent ? Est-ce un silence ? Des murmures ? La vie ? S’éloigner du chahut pour accueillir les œuvres de Camara et Mucavele. Ici, les restes du bruit révèlent le passage mystérieux de l’ esprit ou de l’inspiration dans un silence habité. Leurs créations ont fasciné André Magnin lorsqu’il les rencontra dans leurs pays respectifs à la fin des années 80.
Ces deux artistes de la même génération parlent peu. Chacun à leur manière explore les unions de l’homme, la femme ou l’animal avec la nature. Que ce soit à travers les expressions zoomorphes de la sculpture ou, en peinture, les fusions formelles de la forêt et de la roche, les œuvres sont bel et bien ce qui reste, ce qui persiste, quand les bruits ont cessé.
Le public occidental découvre pour la première fois les sculptures de Seyni Awa Camara en 1989 lors de l’exposition « Magiciens de la Terre », organisée conjointement au Centre Pompidou et à la Halle de la Villette à Paris. Depuis ses œuvres ont fait le tour du monde et sont aujourd’hui conservées dans les plus grandes institutions culturelles. Son style est unique. De grandes figures de terre tantôt hiératiques où s’accrochent partout au corps des visages d’enfants, de caméléons ou encore d’oiseaux…
Le travail de Mucavele quant à lui demeure plus confidentiel et peu d’expositions lui ont été à ce jour consacrées. André Magnin fait la rencontre du peintre dès les années 80 lorsqu’il sillonne l’Afrique. Il rendra visite à Mucavele à chacun de ses séjours au Mozambique. «J’ai depuis longtemps été intéressé par ses peintures étranges, immobiles, silencieuses…». Les restes du bruit est la première exposition à lui être consacrée en Europe et offre l’opportunité d’appréhender l’œuvre de cet artiste hors-norme.