Du 1er avril au 20 mai 2023, l’exposition Dakar, Dakar à la galerie MAGNIN-A présente le travail de deux artistes Sénégalais dont les oeuvres ont été trop rarement présentées en exposition à Paris. Alors même qu’au Musée du Quai Branly l’exposition Senghor et les arts aborde le rôle central des arts dans la politique sénégalaise de 1960 à 1980, Dakar, Dakar met en regard les sculptures de métal longilignes de Ndary Lo (1961-2017) et les peintures vibrantes d’Assane N’Doye (1952-2019).
Ndary Lo et Assane N’Doye ont en commun de représenter le corps et son mouvement mais l’expriment dans une approche radicalement différente. Les sculptures rectilignes et monochromes de Ndary Lo qui illustrent le mouvement direct et linéaire dans une épure de formes et de matériaux, contrastent avec les couleurs et les ondulations sensuelles des corps tout en rondeur et volutes d’Assane N’Doye. Tous deux de même nationalité et presque de même génération se rencontrent pourtant ici pour la première fois et leurs oeuvres entrent en dialogue pour questionner à la fois la tradition et la modernité sénégalaises.
Si Hosties Noirs, une des oeuvres majeures de Ndary Lo rendant hommage à l’ouvrage éponyme de Senghor est présentée au Musée du Quai Branly, il est intéressant d’observer dans la pratique de Ndary Lo et Assane N’Doye deux aspirations différentes, consciente ou inconsciente d’ailleurs. D’un côté, celle de N’Doye qui sans être affilié à l’École de Dakar, s’inscrit dans le sillage de ce mouvement et cela bien qu’il ait quitté le territoire sénégalais relativement jeune. A contrario, Ndary Lo, qui a passé une grande partie de sa vie à Dakar, a cherché tout au long de sa carrière à s’en affranchir.
L’exposition Dakar, Dakar, rassemble les sculptures historiques de Ndary Lo. Ses mythiques marcheurs en fer longilignes, ses hommes aux bras élancés vers le ciel, ses corps de femmes en buste ou en pied qui répondent à la douceur des courbes des corps féminins et aux couleurs flamboyantes des peintures d’Assane N’Doye.