Vernissage le 18 janvier à partir de 16h en présence de Mega Mingiedi
Du 18 janvier au 8 mars 2025, la galerie Magnin-A présente une exposition inédite réunissant trois artistes à la conquête de l’espace urbain : Rodrigo Armando Mabunda, Houston Maludi et Mega Mingiedi. Intitulée Lignes, l’exposition invite à une exploration des trajectoires individuelles et collectives à travers des formes et des récits complexes, au rythme effréné de ces villes africaines en mutation constante.
Changer le langage pour changer le regard. À travers leurs pratiques singulières, les trois artistes proposent un univers esthétique qui pose les fondations d’une nouvelle grammaire urbaine. Du Mozambique, Rodrigo Armando Mabunda cartographie au stylo-bille des récits chaotiques, saturés de corps vibrants et hypnotisants. Né à Kinshasa, Houston Maludi use de la ligne continue, une technique remarquable qui transforme ses compositions en terrain de jeu, où la bichromie sollicite plus que jamais notre attention, et la porte sur le détail. Quant à Mega Mingiedi, également originaire de Kinshasa, il garde de son passé de sculpteur l’énergie colossale du bâtisseur, mêlant stylo à bille et collage, entre ville et bidonville, mais surtout, entre microcosme et macrocosme où les éléments ajoutés les uns aux autres forment un curieux visage.
Loin d’une approche purement formelle, les œuvres des trois artistes s’inscrivent dans des réflexions profondes sur les espaces qu’ils habitent et les systèmes qui les régissent. D’une ode à la jeunesse africaine chez Houston Maludi, à une danse lancinante chez Rodrigo Armando Mabunda, les êtres et les choses forment un parcours presque musical où l’on peut entendre l’énergie des lieux. Du côté de Mega Mingiedi, la ville est une narration. À la frontière de l’espoir utopique et du danger dystopique, il s’enthousiasme de la vitalité urbaine, mais il affiche les problématiques sociales, spirituelles ou économique, et dénonce les abus d’un gouvernement pratiquant la corruption, l’emprisonnement ou la censure. La ville est l’espace du contrôle social, mais par l’art, elle devient un lieu poétique. À la question surplombant son dessin, « L’art peut-il changer le monde ? » les trois artistes semblent répondre par un grand oui — oui, à condition de vivre magiquement l’espace.
Difficile de ne pas lire entre les lignes, la théorie des situationnistes formulée par Henri Lefebvre : la psycho-géographie, ou l’art spirituel de changer la ville. Entre Mega Mingiedi, favorable à une « géographie radicale », où il serait « comme un poète qui prend son stylo pour écrire » ; Rodrigo Armando Mabunda, se comparant à « un rêveur des rues, qui déambule pour raconter des histoires » ; Houston Maludi, dont la ligne sinueuse nous arrache au quadrillage de nos avenues ; il y a un espace blanc, un vide. C’est rendre possible autant d’esprits, d’errances et de résistances. En somme, Lignes est une invitation à dériver dans ces géographies fragmentées et poétiques, où chacun peut tracer son propre chemin bien au-delà des plans et des lignes.